• 10 mars 2006

    Allemagne: six bonnes raisons de croire à l’arrivée du printemps

    Allemagne: six bonnes raisons de croire à l’arrivée du printemps

    L'Allemagne est désormais sur la bonne voie. Les réformes de l'administration Schröeder ont marqué une rupture dans la politique économique et celle dans la politique de l’emploi. Les clés de cette ambitieuse politique de l’emploi se trouvent dans la nature préventive des programmes, leur évaluation permanente, une attention nouvelle portée au placement des chômeurs, des contacts plus étroits avec les entreprises, un système d’incitations plus efficace et l’arrêt des programmes qui ne marchaient pas. Non moins décisive fut la décision de conditionner indemnités de chômage et prestations sociales à l’exigence de reprendre un emploi quand l’occasion s’en présente. Ce processus a été accompagné par des baisses d’impôts substantielles, une nouvelle loi sur l’immigration, un allongement des heures d'ouverture des magasins, une réglementation plus libérale de l’artisanat et le retour de la notation négative des élites académiques.

  • 8 mars 2006

    Et si l'on s'attaquait enfin aux inégalités entre hommes et femmes?

    Et si l'on s'attaquait enfin aux inégalités entre hommes et femmes?

    Chaque année, rituellement, le 8 mars est l'occasion de faire le point sur les inégalités entre hommes et femmes et de faire semblant de s’étonner de leur ampleur, voire de s’en indigner. On referme ensuite soigneusement le dossier pendant les 364 autres jours. Ce faisant, personne n’attaque de front la question centrale de l’emploi des femmes, de sa différence – de degré et de nature – avec celui des hommes, de la perte que constitue l’absence d’emploi, le sous-emploi et les emplois inadéquats à leurs compétences, pour les femmes elles-mêmes, mais aussi pour la société. Développer l’emploi des femmes, en quantité et en qualité, est absolument nécessaire. Cela implique une révolution de notre organisation sociale et de nos modes de travail.

  • 7 mars 2006

    OPA : le protectionnisme franchira-t-il la barrière des espèces ?

    Il y a des raisons objectives aux réactions que soulève la vague d’OPA transfrontalières en Europe. D’abord, ce n’est que récemment que l’union monétaire a commencé à produire ses effets sur la réallocation du capital. Ensuite, la rhétorique du patriotisme économique étonne moins lorsqu’on sait que la France est plus ouverte aux investissements directs étrangers (IDE) que ses voisins, y compris la Grande-Bretagne. Enfin la frustration des italiens se comprend lorsqu’on sait que l’Italie est en queue de peloton pour les investissements hors de ses frontières. Au demeurant, l’affaire Suez n’a pas que des aspects négatifs. Sans l’initiative d’ENEL, Gaz de France serait restée majoritairement aux mains de l’Etat et EDF aurait pu continuer à regarder la concurrence sur le marché intérieur avec condescendance. Néanmoins, nous craignons que les politiques ne jouent dangereusement avec le feu. Giulio Tremonti, le ministre des finances italien, a été jusqu'à évoquer 1914, ce qui comportait un peu d’emphase électorale mais n’était pas faux sur le fond. Plutôt qu'à 1914, nous pensons à 1930 et au Smoot-Hawley Tariff Act de triste mémoire. Examinons tout cela.

  • 6 mars 2006

    Réformer le code du travail, mais pas sans concertation

    En France, on ne sait pas réformer. Du moins on ne sait plus. Les gouvernants ont beaucoup de mal à imaginer les processus de décision qui permettent de faire évoluer une société. Dans une grande entreprise, lorsque l’on veut opérer une transformation, un virage, un changement, on construit un « projet ». L’Etat ne connaît pas ces règles du jeu. Les objectifs ne sont pas avoués (pour ne pas effaroucher sa propre majorité) ; le ministère du Budget ne consent pas à dégager les crédits nécessaires ; le comité de pilotage n’existe pas ou il n’est qu’un faux semblant : ce sont les cabinets qui, quand ils en ont le temps, font les arbitrages.

  • 5 mars 2006

    Qui doit payer pour les intermittents ?

    Au cours des vingt dernières années, les effectifs d’intermittents ont quadruplé, le volume de travail rémunéré qui leur était alloué était multiplié par 2, la masse salariale par 3, et les dépenses d’assurance-chômage par 9. Paradoxe fantastique : alors que ce secteur a connu une croissance continue (en financements, en revenus distribués, en volume de travail alloué), il s’est adossé de plus en plus fortement au chômage au point que le chômage a progressé plus vite que l’emploi. Situation totalement absurde au regard du fonctionnement habituel du marché du travail. Qui est responsable ? Chacun et personne : c’est le propre d’un système d’emploi désintégré que de diluer totalement les responsabilités.

  • 3 mars 2006

    Sale temps pour la nouvelle Europe

    Les nouveaux membres de l’UE ont vocation à adopter l’euro dès que possible. La définition du mot « possible » est claire : comme les pays de la vieille Europe, ils doivent satisfaire aux critères de convergence de Maastricht. Or la Commission a récemment publié son évaluation de la situation. Un seul pays, la Slovénie, peut envisager d’adopter l’euro en 2007, la date la plus rapprochée prévue. Recalées l’Estonie et la Lituanie qui ont adopté l’euro de facto depuis plusieurs années. Recalés tous les autres pays qui, pourtant, souhaitaient devenir des membres à part entière de l’Union.

  • 28 février 2006

    Suez-GDF : une guerre civile européenne ?

    Nous sommes en août 14, vient de déclarer M. Tremonti : l’affaire Enel-Suez serait le prodrome des guerres civiles européennes. Cette phrase terrible est elle-même la réponse à une image marquante, celle d’un Premier ministre français flanqué de deux PDG muets pour annoncer la fusion de deux entreprises énergétiques cotées, en réponse à l’OPA subliminale d’Enel. Commedia dell’arte contre cocorico du coq gaulois, faut-il que l’Europe soit à ce point en crise pour permettre un tel spectacle !

  • 20 février 2006

    L’OMC, l’Europe et les OGM

    La question des OGM jugée en ce moment à l’Organisation mondiale du commerce oppose les Etats-Unis, le Canada et l’Argentine (les plaignants) à l'Union Européenne (le défenseur). Le 6 février 2006, le panel OMC a communiqué aux parties ses conclusions préliminaires ; celles-ci ne modifieront pas le cadre juridique dans lequel l’Union Européenne prend des décisions sur les OGM. Les commentaires suggérant le contraire se sont tout simplement trompés.

  • 19 février 2006

    Mondialisation : pourquoi l’Europe perd du terrain

    Insuffisamment attractive pour les entreprises étrangères, l’Europe ne parvient pas à faire glisser ses activités traditionnelles vers les nouveaux secteurs dans lesquels elle devrait avoir un avantage comparatif. Mais en partant de l’analyse de ses handicaps, on peut convertir la menace en opportunité.

  • 14 février 2006

    Laisse passer Trichet, je laisserai passer Stark

    Juergen Stark vient d’être nommé au conseil d’administration de la Banque centrale européenne (BCE), en remplacement de son compatriote Otmar Issing, qui termine son mandat de huit ans, non renouvelable. Avec lui, tous les six membres initialement nommés quand la BCE a été créée auront été remplacés. Et les grands pays (Allemagne, Espagne, France et Italie) ont réussi le coup de se réserver chacun un des quatre sièges. Comme tous les autres anciens et nouveaux membres du Conseil d’administration, Stark vient de la haute administration économique (ministères des Finances ou banques centrales, parfois les deux). Cela garantit un conseil homogène, sans opinions divergentes. La machine va pouvoir ronronner à l’abri de toute influence pernicieuse sur son mode de pensée et surtout sans débat interne sur sa compréhension de ce qu’est, ou doit être, la politique monétaire.

  • 12 février 2006

    Bolkestein : les marchés de la vieille Europe ne sont pas plus ouverts que ceux de la nouvelle Europe

    L’une des raisons majeures qui ont motivé cette directive était que le marché des services, entravé par les règlements nationaux, est beaucoup moins intégré que celui des marchandises, qui était l’objet principal du programme de 1992. Cette justification est-elle corroborée par les données dont nous disposons ?

  • 12 février 2006

    Du bon usage de la Directive Bolkestein

    Dès l’origine, le débat à propos de la Directive Services n’a cessé d’entremêler chicaneries de techniciens et controverses sur les principes. La discussion de fond peut cependant se ramener à trois questions : faut-il ouvrir les marchés des services à la concurrence ? Selon quelles bases organiser la compétition entre prestataires appartenant à des pays de niveaux de développement très distants ? L’unification du droit doit-elle reposer sur le principe du pays d’origine ? Reprenons-les successivement.

  • 12 février 2006

    Bolkestein : la mort du principe du pays d’origine ?

    Les 14 et 16 février 2006, le Parlement européen votera en première lecture sur la proposition de directive relative au marché intérieur des services (dite « Bolkestein »). Certains éléments de la proposition semblent satisfaire tout le monde (simplification des procédures, guichet unique, droit à l’information, qualité des services, assistance mutuelle, etc.). D’autres cristallisent encore les tensions et les négociations au sein du Parlement européen et avec la Commission. Il en est ainsi du principe dit du pays d’origine (PPO) sur lequel un compromis devrait être dégagé pour en rejeter la formulation mais en conserver l’esprit. Il en est de même du champ d’application du texte au regard des activités de service public. Ces deux points posent en fait une question commune : peut-on vraiment traiter la libre prestation des services comme l’on a traité jusqu’à présent la libre circulation des marchandises ?

  • 12 février 2006

    Bolkestein : le grand fiasco de la Commission

    La Directive Bolkestein représente un effort de la Commission pour ouvrir les services à la concurrence afin de doper richesse et emploi en Europe. Paradoxalement, la Directive Services, qui en toute bonne logique eût dû être combattue par la droite corporatiste anti-libérale et les lobbies des professions réglementées, a été attaquée par la gauche et les syndicats de travailleurs, alors que ces derniers étaient peu ou pas concernés en tant que travailleurs et étaient bénéficiaires en tant que consommateurs! Les oppositions à la directive n’expliquent cependant pas tout. Dans cette affaire la Commission a commis de graves erreurs qui expliquent son échec.

  • 8 février 2006

    Contrat de travail unique, problèmes multiples

    Avec le Contrat première embauche qui suit de peu le Contrat nouvelle embauche, on est naturellement conduit à se demander s’il n’y a pas là l’amorce d’un processus d’unification des contrats dans une formule inspirée du CNE-CPE. Une telle perspective est désormais plausible et l’on murmure que le gouvernement explorerait sérieusement cette voie.

  • 6 février 2006

    Le nouveau welfare : l’aide et la contrainte

    Lancée en 1996 sous la présidence de Bill Clinton, l’expérience américaine du welfare reform avait pour enjeu de « réconcilier la responsabilité personnelle et les opportunités de travail ». Pour ses auteurs, il s’agissait d’utiliser à la fois la carotte et le bâton pour inciter les mères célibataires – qui sont les bénéficiaires-types du welfare – à retrouver un emploi. A l’heure des premiers bilans, différents spécialistes parmi lesquels Rebecca Blank ont entrepris l’évaluation de cette réforme et de ses effets. Que peut-on en retenir ?

  • 31 janvier 2006

    Face aux disparités régionales, la régionalisation des salaires est-elle une solution ?

    Les disparités régionales dans l’Union européenne restent fortes. En comparant un groupe représentatif de 50 régions européennes et les Etats-Unis, les variations en termes de revenu par habitant étaient à la fin des années 1990 deux fois plus fortes chez nous. La combinaison entre rigidité des salaires et faible mobilité de la main-d’œuvre contribue à creuser d’inacceptables inégalités entre les régions ; les décideurs auront à faire des choix, soit en faveur d’une plus grande mobilité de la main-d’œuvre, soit d’une plus grande flexibilité des salaires.

  • 31 janvier 2006

    Peut-on mesurer " froidement " les chiffres du chômage ?

    Les chiffres officiels du chômage cumulent deux propriétés démocratiquement incompatibles. La première est qu'ils sont excessivement imprécis puisque l'écart peut atteindre 10%, soit 200 000 chômeurs, selon l'interprétation retenue pour la notion floue de " recherche active d'un emploi " alors même que les variations mensuelles, abondamment commentées, atteignent rarement le dixième de ce chiffre. La seconde est justement que ces chiffres sont abondamment commentés, comme étant le révélateur du succès ou de l'échec des gouvernants, et donc sont susceptibles de manipulation.

  • 24 janvier 2006

    La compétitivité et le farniente

    Les sportifs de haut niveau raccrochent parfois avant d'y être contraints par l'âge, lorsqu'ils éprouvent le besoin de vivre une vie normale en famille, de voir grandir leurs enfants. Il y a peut-être là une leçon de sagesse pour la sphère économique où règne encore une vision très productiviste de la performance. Il est essentiel pour une entreprise d'être compétitive, certes. Mais poser la question à propos d'un pays, c'est se tromper de registre. Les entreprises produisent. Les individus et les nations vivent.

  • 13 janvier 2006

    La contribution sur la valeur ajoutée, un choix erroné

    Le président de la République a demandé au gouvernement de revoir l'assiette des contributions sociales versées par les employeurs. Jacques Chirac souhaite que la base de ces prélèvements ne soit plus les salaires bruts mais la valeur ajoutée, afin de relancer l'emploi et décourager les délocalisations. L'idée d'une contribution ou cotisation sur la valeur ajoutée (CVA) n'est pas nouvelle. Je pense que les arguments avancés pour la défendre sont économiquement sans valeur, et qu'au lieu de protéger les salariés en France elle aurait l'effet contraire, en détruisant de bons emplois. Pour couronner le tout, fiscalement neutre au départ, la CVA aggraverait les déficits publics.